Le Mystère est pénétrant,
le Mystère pénètre la brèche qui s’est faite à l’intérieur de soi,
quand on en peut plus de notre humanité,
quand on en peut plus de construire des murs que l’on croit ouvertures au monde,
alors qu’ils ne sont que des barricades sur l’artère de notre cœur.

Se laisser aller au Mystère de l’Etre est le courage absolu quand il nous pénètre le corps,
quand il force le passage en nous,
quand il nous rend agonisant sur le bord du chemin,
implorant une mise à mort immédiate,
comme un soulagement des tiraillements incessants qui se ressentent en nous.

Le Mystère perce la souffrance en nous,
c’est cela qu’il fait en réalité,
car, en réalité,
c’est dans la chair qu’il agit,
et nous ne pouvons plus faire comme si de rien n’était
pendant que le monde entier ne sait rien de tout cela.

Quelle étrange douleur que la lumière soit si brûlante,
il n’est plus rien de stable,
il n’est plus rien de vrai,
il n’est plus rien à découvrir de réel
mais à s’enfoncer toujours plus dans l’obscurité de ses terres si profondes,
si terrifiantes,
que même le film d’horreur le plus angoissant,
nous parait bien doux,

face à la terreur de notre réalité.

(Recueil I - Poèmes du bout de la souffrance)