S’en foutre d’une vie spirituelle,
s’en foutre d’une vie après la mort,
s’en foutre de réaliser l’éveil,
s’en foutre de tout,
apprécier la Vie que l’on vit,
s’en faire une Joie,
se prélasser dans la forme qu’elle prend,
se détendre dans ses circonvolutions
et si la Joie n’est pas là, si quelque chose blesse la détente,
alléluia,
le chemin est là,
devant soi,
comme un chemin d’éveil qui s’ouvre à soi,
prendre ce chemin,
s’y engager la peur au ventre ou la fleur au fusil,
accueillir ses larmes au creux d’un sillon,
grimper ses montagnes d’espoirs vains,
s’enlever les flèches que l’on se plante au milieu d’un champ fleuri,
s’effondrer sur le chemin,
demander grâce au bord d’une mer déchainée,
se noyer pour ne pas mourir du froid de tant de peines,
avaler à pleins poumons toute l’eau de cette mer nourrissante,
se détendre dans ses courants changeants,
baigner dans l’immensité fluide et palpable de cette eau libérée de la matière,
redevenir neuf,
se reconnaitre libéré(e) de sa substance.

Etre Rien,
s’en foutre de Tout,
faire honneur à la Vie en soi.


(Recueil I - Poèmes du bout de la souffrance)