Ce qui s’apprend ici,
un mendiant, un docteur ou un professeur peut vous l’apprendre,
ce qui s’apprend ici,
un artiste, un vendeur ou un ouvrier peut vous l’apprendre aussi.
Ce qui s’apprend ici n’est ni une méditation, ni un moyen de vivre mieux,
par la pleine conscience ou le moment présent.

Ce qui se joue ici,
sans validation de la science,
sans connaissance à retenir,
sans voie express à emprunter,
c’est une reconnaissance directe,
une pure méditation,
un émerveillement sans fin.

Quand toutes les émotions s’envolent,
quand toutes les peurs s’évacuent,
quand toutes les angoisses disparaissent,
alors là,
là seulement,
oui, vous pouvez dire enfin
je médite.

Donc,
il est un chemin à prendre,
qui n’est ni celui d’une méditation,
ni celui d’une pensée lumineuse,
ni celui d’une supra conscience,
mais celui de voir et de sentir l’obscur en soi,
la peine en soi,
la peur en soi,
l’inavouable en soi,
la guerre en soi,
l’immense douleur d’une séparation qui est en chacun de nous.

Aucune méditation,
aussi utile qu’elle soit pour ‘se poser en soi’,
ne pourra jamais agir
sur la Vie que nous sommes d’ores et déjà,
mais il est une nécessité à admettre,
une évidence à ne plus nier,
celle que nous nous cachons,
depuis des lustres,
depuis notre enfance,
depuis toujours,
cette évidence de notre souffrance,
de notre peine,
de notre peur,
de notre terrible effroi,

face à notre vraie nature.

(Recueil I - Poèmes du bout de la souffrance)